Noël, manger, synapse
Vous savez comment travailler en nomade sans perdre en confort… Mais il faut encore trouver la motivation de se mettre au travail entre deux repas..
Difficile de ne pas se démotiver durant les fêtes. On passe d’un repas à un autre. Entre deux repas, une sieste digestive. Pour les plus sérieux, on fait semblant de travailler sur le coin de la table entre les miettes.
Passant outre la discussion politique très animée avec Tonton Jacques… On va analyser comment le comportement alimentaire peut affecter la motivation. Et donc, ton business.
Définition motivation
On n’est pas tous d’accord sur la définition du terme motivation. Alors, prendre le temps de poser les termes, ce n’est pas du luxe !
Publique
La définition de Google est assez claire et concise :
Définition naïve
Pourtant une définition naïve, issue d’abus de langage, parasite notre vision des choses.
« Chuis pas motivé ». Vous voyez cette phrase ? C’est l’expression de notre abus de langage. « Je n’ai pas de motivation à faire … » est une formulation exacte car en français, c’est l’action est motivée. Pas l’acteur.
Alors il est évident que les motivations ne s’affaiblissent pas avec un simple repas. Pourtant, on sent un affaiblissement de la capacité à réaliser les actions motivées.
Le flow
Cette définition naïve s’accompagne d’une sensation physique, interne, psychique. Lors des diagnostics motivationnels que j’ai réalisé avec mes entrepreneurs, j’ai constaté cette confusion :
« Je pense que la motivation, c’est que je n’ai aucune résistance à réaliser mes actions »
On peut traduire cela en psychologie par un état de conscience modifié d’absence de frustration et d’accélération du traitement de l’information. C’est fluide. C’est le Flow.
Kezaco ?
Wikipedia l’exprime très bien :
Un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement.
Et voilà, on tient là les mots les plus importants :
–Engagement ,
- Concentration
- Satisfaction.
Mécanismes neuro en jeu
En neuropsychologie ou en psychophysiologie, on sait quelle zone gère ces trois choses. C’est le circuit de la récompense. Ces structures cérébrales fonctionnent sur le système de la dopaminergie.
Circuit dopaminerquoi ?
Pour être plus clair : c’est la dopamine qui est en cause. La dopamine, c’est à la fois une hormone et un neurotransmetteur. Elle est mise en cause dans l’addiction car elle fonctionne de la façon suivante.
- Petite sécrétion de dopamine = intérêt marqué
- Sécrétion de faible intensité durable = intérêt prolongé
- Forte sécrétion = Satisfaction
Motivation, émotions, addiction, besoins
Le système dopaminergique est en cause aussi dans l’apprentissage, dans les émotions et donc dans la mémoire. Sa structure est située dans le diencéphale, le cerveau reptilien, donc le siège émotionnel. Voilà pourquoi ce sont nos émotions qui guident nos actions. Et nos besoins. Oui, c’est pour ça qu’on peut faire une addiction au travail et confondre addiction et besoin.
Motivation, Synapse, Collapse
Pour mieux comprendre, en détail, l’implication du comportement alimentaire dans l’affaiblissement des ressources motivationnelles, il faut bien comprendre le mécanisme à l’oeuvre.
Déjà, je dois vous avouer que j’ai un peu menti précédemment en utilisant le terme « sécrétion ». Le bon terme est plutôt celui de libération.
Voici un synapse et son modèle :
On observe que les neurotransmetteurs vont se libérer dans l’espace entre deux neurones. Pour être libérés, ils sont préalablement stockés. Cet espace interstitiel est nommé synapse. Son rôle est de transmettre l’information d’un neurone à l’autre.
Ce qu’on ne peut pas s’empêcher de remarquer, c’est la notion de stock. Tu as certainement déjà entendu parler ou vu quelqu’un qui a consommé des amphétamines ou de la cocaïne, mais le lendemain. Tu vois cet effet « loque » ou « larve » très proche de la capacité motivationnelle d’un adolescent en vacances d’été ? C’est à cause de la forte libération de dopamine (entre autres) en peu de temps. Ainsi, les stock sont vides et impossible de retrouver l’hormone de la motivation…
Allez, on va voir comment la nutrition et le comportement alimentaire peut affecter ce stock et sa gestion.
La nutrition et son influence
Le repas qui vide les stocks
Ce repas, c’est celui qui est trop sucré ou trop salé. Trop émotionnel également. On vide tous les stocks d’un coup. Appelons ceci un excès de plaisir si tu acceptes de l’entendre ainsi. Ce n’est pas très grave, on va refaire le stock, n’est-ce pas?
Alors, en fait, non.
Le repas qui empêche la synthèse de dopamine
Déjà, je dois te dire qu’on synthétise de la dopamine dans les intestins. Par l’action de digestion en symbiose avec ton microbiote intestinal. Maintenant on va regarder comment ça peut foirer lors d’un repas de noël.
Stress
Si ton repas est trop stressant (aka trop émotionnel aussi, ça fonctionne) à cause du coming-out de Georgette, du débat cinéma ou parce que personne n’a respecté l’ordre des plats… Ben tu as privé tes organes digestifs d’approvisionnement sanguin. Pourtant, le sang, c’est le carburant des organes.
En effet, le corps ne s’est pas adapté assez vite à notre civilisation. Oui, ce nouveau monde où l’homme n’a pas de prédateur. Quand tu as un stresseur, ton corps utilise beaucoup d’adrénaline et de noradrénaline. Ces deux hormones amènent le sang aux jambes et aux bras pour : courir et se battre. Oui si ta vie est en danger, digérer n’est pas la priorité. Il faudra quelques heures pour que la digestion reprenne.
D’ailleurs, si ton repas est stressant, sache que l’adrénaline et la noradrénaline sont des métabolisas de la dopamine. Ça veut dire que le corps prend de la dopamine et la transforme en adrénaline. Donc tu en as moins. Oui, dommage, car déjà là, tu n’en as pas beaucoup !
Microbiote et routine
À noël, si tout va bien, on mange des choses qu’on ne mange pas d’habitude. Cela va relancer ton métabolisme, mais comment ? La digestion est plus « coûteuse ». Car tes petites bactéries et tes organes vont devoir fournir un effort supplémentaire. Cela va retarder la synthèse de dopamine de quelques jours pour retrouver son stock habituel.
La carence ?
Tu es d’accord avec moi, j’en suis certaine : Noël, c’est pas la fête des légumes. Voilà, on est d’accord. Ce n’est pas pour les fibres que je te dis cela. Je parle plutôt des nutriments. Dans la viande, le pain, le gras et le sucre, on trouve peu de micro-nutriments essentiels. Pas suffisamment en tout cas.
Si je veux synthétiser de la dopamine, il me faut de la phénylalanine. On la trouve beaucoup dans la viande rouge. Il en est de même pour la tyrosine. Je ne peux occulter pour autant les autres nécessités. C’est à ditre, les anti-oxydants et le tryptophane dont la source majoritaire est : le légume !
Voilà donc comment on perd son stock, sans réussir à le reconstituer. Il faut plusieurs jours pour parvenir à récupérer les capacités motivationnelles.
On voit bien que le comportement alimentaire et le choix des aliments comptent beaucoup dans ces processus motivationnels.
Conclusion
Juste pour cette fois, essaye de manger des légumes et de terminer ton repas avec de la respiration ventrale. Et si un débat se déclenche, regarde, écoute et rigole un bon coup. Tu ne feras pas changer d’avis Jacques alors ne gâche pas ta motivation pour juste avoir raison ?
